Le verdict aurait pu être cruel, mais la Belgique est passée entre les mailles du filet. Et c'est presque devenu une habitude.
Les lapins à trois pattes doivent se multiplier dans les clapiers belges. Une nouvelle fois, Marc Wilmots avait embarqué sa désormais légendaire patte de lapin pour faire le déplacement jusqu'à Saint-Petersbourg et regarder ses Diables éviter allégrement les pièges d'un tirage au sort qui aurait pu mettre la France, l'Italie ou la Pologne sur la route belge vers la Russie.
Un coup d'œil sur le classement FIFA, qui permettait de répartir les équipes dans les différents pots, suffit pour constater la chance belge. On peut certes faire dire ce qu'on veut à cette hiérarchie, mais il faut également noter que la Bosnie était l'équipe la moins bien classée du pot 2. Même constat pour la Grèce dans le pot 3 et l'Estonie dans le 4. Seuls les Chypriotes, "meilleure" équipe du pot 5, font exception à cette règle, mais la récente visite de leur équipe nationale au stade Roi Baudouin a prouvé que le niveau des formations de ce calibre était anecdotique.
Challengers en crise
Principal adversaire des Diables sur la route vers la Russie, la Bosnie est en crise. Les Diables sont bien placés pour le savoir puisque Edin Dzeko et sa bande occupent l'avant-dernière place du groupe qualificatif pour l'Euro 2016. Derrière Chypre et Israël. Alors oui, les Diables n'ont ramené qu'un point de leur déplacement explosif à Zenica. Certes, Miralem Pjanic, Vedad Ibisevic et Edin Dzeko sont des noms qui comptent sur la scène internationale. Mais quand on sait que l'Italie ou la France auraient pu sortir de ce deuxième chapeau, la Belgique s'en tire très bien. La voie de la première place du groupe ressemble plus à une autoroute en descente qu'à une route montagneuse de transhumance.
D'autant plus que le troisième pot nous a offert la Grèce. Huitième de finaliste de la dernière Coupe du Monde, c'est vrai. Et quart de finaliste du dernier Euro. On peut même ajouter que les Grecs n'ont plus loupé un grand tournoi depuis l'Euro 2008, et qu'ils avaient surpris le Vieux Continent en braquant le Portugal en finale de "son" Euro quatre ans plus tôt. Un C.V. trop beau pour une nation du troisième chapeau. Et pour cause : depuis leur retour du Brésil, les Grecs sont à la rue. La crise grecque a aussi envahi les terrains. Juste avant la trève, les Hellènes ont perdu 2-1 face aux terribles Iles Féroé. Sur la route de l'Euro français, ils sont tout simplement derniers d'un groupe pourtant loin d'être redoutable. Derrière la Roumanie, l'Irlande du Nord, la Hongrie, les Iles Féroé et la Finlande.
Tourné en ridicule par cette campagne grotesque, Claudio Ranieri a laissé les rênes de la sélection à l'Uruguayen Sergio Markarián, troisième de la Copa América avec le Pérou en 2011 et quadruple champion du Paraguay, mais incapable de gagner une seule des trois premières rencontres de son aventure grecque. S'il a été appelé pour jouer les pompiers à Athènes, c'est en souvenir de son aventure au Panathinaïkos au début des années 2000, quand il avait emmené le Panathinaïkos jusqu'en quarts de finale de la Champion's League. Suffisant pour tirer la quintessence d'une nation qui compte sur l'intransigeance de Manolas ou les buts de Mitroglou? Pas pour l'instant. Quand on sait que les défenseurs belges auraient pu croiser la route de Lewandowski ou de Konoplyanka, on peut apprécier le verdict du pot 3.
Estonie et Chypre, pour l'anecdote
Pot 4, l'Estonie. On vous l'avoue, c'est un peu l'inconnue. Un peu beaucoup, même. Ragnar Klavan, défenseur d'Augsburg et capitaine de la sélection, est la star nationale. Un peu comme quand Filip Daems était notre seul joueur de renom à l'étranger. Dirigée par Magnus Pehrsson, la sélection est capable de tenir tête à l'Angleterre pendant 75 minutes avant de s'incliner 0-1, mais aussi de revenir de Saint-Marin avec un sombre 0-0 dans les valises.
Quatrièmes de leur groupe qualificatif pour l'Euro, ils ont marqué sept points essentiellement grâce à leur solidité défensive, puisqu'ils n'ont trouvé le chemin les filets que trois fois en six rencontres. En ayant joué deux fois contre Saint-Marin, donc. Meilleur buteur de la sélection dans ces qualifs, Sergei Zenjov défend les couleurs du FK Gabala, en championnat… d'Azerbaïdjan. Championnat dont Reynaldo, l'ancien d'Anderlecht, a presque terminé meilleur buteur l'an dernier. Voilà voilà.
Reste donc Chypre. Les présentations ont été faites lors d'une visite au stade roi Baudouin au mois de mars dernier. Avec un 5-0 dans la vue des Chypriotes. Faut-il vraiment en dire plus ?